En janvier 2024, Soitec a annoncé que son taux de réutilisation de l’eau allait passer de 19 % à 35 %. L’eau dont il est question est celle utilisée lors du rinçage à l’eau des plaques de silicium : avant et après la gravure des semi-conducteurs, ce processus qui est extrêmement consommateur en eau potable et polluant. Ce que Soitec appelle réutilisation (ou REUSE) c’est le retraitement de l’eau utilisée dans le premier bain et sa réinjection dans ce même processus de gravure. Jusqu’à présent, la seule eau réutilisée (les 19 %) était celle utilisée dans les systèmes de refroidissement des salles blanches.
De là à dire que quand on leur met la pression, les industriels arrivent à mettre en place des solutions techniques auparavant inenvisageables…
Si cette nouvelle technique doit permettre à Soitec de ne pas consommer plus d’eau malgré l’ouverture de son usine de Bernin 4, rappelons deux choses :
– l’entreprise consomme déjà un volume d’eau très important (son autorisation est de 2500 m³ par jour, soit 29 litres par seconde) pour produire des objets à l’utilité sociale largement contestable ;
– Soitec veut s’agrandir encore de 50 % en 2024, pour une nouvelle usine de production de semi-conducteurs pour voitures électriques, et va donc devoir dans tous les cas… augmenter sa consommation totale d’eau.
Conclusion :
– 1) moins d’eau, c’est toujours trop d’eau ;
– 2) la hausse de la consommation en eau induite par l’agrandissement ne sera pas compensée par une hausse du taux de réutilisation.
Plus de réutilisation = plus d’eau consommée!
Il faut cesser de se cacher derrière des innovations technologiques, car celles-ci – par les gains de productivité qu’elles amènent – favorisent en fait une gabegie de consommation : ce qu’on appelle l’effet rebond.
C’est bien d’une remise en cause politique de cette croissance sans fin de la production dont nous avons besoin… tant qu’il reste de l’eau.
No puçaran!
Collectif STopMicro
20/01/2023