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De l'eau, pas des puces !
De l’eau pas des puces !
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Mercredi 14 décembre devant la Régie des eaux de Grenoble, le collectif Stop Micro ! organisait une manifestation contre le gaspillage de l’eau par les industriels locaux. Une soixantaine de personnes ont manifesté.

Dépot des bouteilles devant la régie des Eaux de Grenobles

Quelles seront les prochaines actions ? Voici le communiqué du collectif Stop Micro :

« Nous fermerons le robinet à ST !

Nous étions environ une soixantaine ce mercredi 14 décembre à se rassembler devant le siège de l’entreprise Eaux de Grenoble Alpes pour manifester contre l’utilisation de l’eau potable par des industriels comme ST Microelectronics, avec la complicité des politiques nationales, locales et du fournisseur Eaux de Grenoble Alpes.

En effet Grenoble est la principale ville de France fabricante de puce en silicium. Les industriels du secteurs du semi-conducteur sont largement implanté dans la vallée (ST Microelectronics, SOITEC, Tronics, Aledia etc).

Les habitants de la région grenobloise ont la chance de bénéficier d’une eau d’une pureté remarquable. Malheureusement l’industrie du semi-conducteur a des besoins colossaux pour laver ses plaques. Et ces besoins ne cessent de croître :des travaux d’agrandissement de l’usine ST de Crolles sont en cours (5,7 Milliards d’euros) pour doubler la production et donc la consommation en eau qui devrait atteindre 29 000 m3 en 2023-2024, soit 336 litres /secondes.

Comment ne pas mettre en parallèle ces deux dates: le 12 juillet 2022, le président Macron, avec une bonne partie de son gouvernement et tout le gratin dauphinois (Eric Piolle compris) fêtaient ce prochain agrandissement de ST microelectronics.

Un mois plus tard, le 17 août, la préfecture de l’Isère plaçait l’ensemble du département en alerte sécheresse de niveau 4, interdisant aux particuliers d’arroser leurs potagers entre 9h et 20h. Cherchez l’erreur.

C’est pourquoi le collectif STop Micro ! à appelé dans son tract « De l’eau pas des puces » à se réunir devant le siège de Eaux de Grenoble Alpes pour dénoncer les centaines de litres d’eau pure utilisés par ST et SOITEC avec l’aval de la Métro, de la préfecture, de la communauté de commune du Grésivaudan et des « fournisseurs » d’eau.

Ces entreprises ne sont pas seulement gloutonnes en eau pure. Leurs consommations en électricité sont faramineuses, alors même que l’on prépare la population à des coupures durant l’hiver, reportant sur les particuliers les économies d’énergie.

Ces usines sont également classés seveso seuil haut, et manipulent en grandes quantités des produits toxiques et dangereux (ammoniac, chlore hexafluorure, …). Ultra polluantes, elles rejettent 40 tonnes de boues bien dégueulasses par an, en toute opacité.

À quoi sert ce pillage des ressources naturelles et ces rejets polluants ? À la fabrication d’objets high-tech inutiles socialement et eux-même énergivores.

En effet ST Microelectronics vend ses puces à des entreprises de l’internet des objets, aux satellites d’Elon Musk, à des fabricants de véhicules autonomes et d’autres gadgets de la « life.augmented » (c’est leur slogan) Quand aux manifestants et manifestantes le leur étaient  » de l’eau pas des nanos ».

Une grande action de mobilisation est prévu en mars pour la journée mondiale de l’eau. »

* * *

Voici l’appel initial à manifester : 

Rappelez-vous cet été dans la cuvette grenobloise, la canicule était mortelle, on a atteint des 43°C à certains endroits. Dès le 7 juillet, le préfet de l’Isère plaçait plusieurs secteurs en « Alerte niveau 3 »: le dernier niveau avant celui dit de crise. Avec déjà, la coupure des fontaines publiques et l’interdiction d’arroser son potager en journée ou de nettoyer sa voiture… une pluie de contraintes qui n’est pas prête de cesser.

En 2030, Grenoble subira 37 jours de canicule et les petits et moyens glaciers qui alimentent le Drac et la Romanche auront fondu de moitié (1). Le déreglement climatique se fait particulièrement ressentir dans les territoires alpins, où le recul des glaciers et le faible niveau d’enneigement ne permettent plus de remplir les cours d’eau. Le Guiers Mort et le Merdaret, sont presque à sec, la végétation crame, les forêts deviennent des fours et la faune et la flore en pâtissent.

Pour le moment, on a encore la chance d’avoir une eau abondante et bonne à boire… Mais pour combien de temps encore ? Combien de sécheresses avant l’épuisement de cette ressource si vitale ?

Car pendant ce temps, le secteur industriel local fait couler l’eau de nos montagnes à flot…

La cuvette grenobloise, ce sont aussi des entreprises hautement énergivores et polluantes (pas moins de 19 usines classées Seveso (2)) ainsi que le premier pôle européen des nano-technologies. Ce secteur est spectaculairement gourmand en eau : pour nettoyer une seule plaquette de silicium, sur laquelle sont gravés des circuits électroniques, il faut lui envoyer 1 700L d’eau pure.

L’entreprise la plus néfaste dans le coin c’est STMicroelectronics à Crolles. Non contente d’être classée site SEVESO seuil haut, à cause de l’utilisation de 20 000 tonnes de produits chimiques par an, parmi lesquels certains extrêmement dangereux : amoniac, chlore, hexafluorure etc., elle remporte conjointement la palme de la plus grande consommatrice d’eau et d’électricité de la cuvette. La consommation d’électricité de l’usine de Crolles équivaut à celle de 139 000 grenoblois·es.

Quant à l’eau, même en période de sécheresse, STMicro et son voisin Soitec, nos deux producteurs locaux de puces, bénéficiaient de dérogations pour continuer à consommer leurs 16 800 m3 quotidiens d’eau potable. Une consommation en constante augmentation, censée atteindre les 29 000m3 quotidiens à l’horizon 2023- 2024… l’équivalent de 700 000 douches par jour !

Une dilapidation pas prête de s’arrêter quand on sait que l’Europe ambitionne d’atteindre les 20% du marché mondial d’ici 2030 : la production de puces est en effet un enjeu de souveraineté industrielle et militaire.

Pour faire face à l’augmentation vorace de la demande en eau de ces deux industriels, la régie des eaux de la métropole pourrait même réaliser des travaux de renforcement des réseaux d’adduction (50 millions d’euros).

Travaux d'extension du site ST de Crolles

Mais le pire dans tout ça, c’est que ce pillage de nos ressources en eau potable se fait avec le soutien des pouvoirs publics et des élu.es de tout bord qui voient dans ces entreprises de nanotechnologies le fleuron local, permettant à celles-ci de puiser l’eau de nos nappes phréatiques sans restriction. C’est tout un système économique et politique qui autorise cette captation d’une ressource pourtant commune et vitale.

Et toute cette gloutonnerie pour quoi ? Pour que ST puisse participer à la numérisation agressive de nos vies, une Life.augmented comme le clame leur slogan. Des puces pour digitialiser les voitures et les rendre semi-autonomes, des capteurs en tout genre pour mesurer et surveiller, des objets connectés à foison pour constituer leur dystopique internet des objet: ce sont les principales applications qu’affiche fièrement l’entreprise (3).

En somme, un pas de plus dans l’administration numérisée de la vie et dans la création de juteux besoins artificiels, inconciliables avec le partage raisonné des ressources dont nous disposons.

Contre l’aberration écologique de ce pillage de nos ressources communes et la complicité des institutions publiques ET pour une gestion sensée de l’eau.

Mais… et les emplois dans tout ça ? Le nombre de 1000 emplois, que promet de créer ST pour leur nouvelle usine à Crolles, est absolument ridicule face aux aides publiques astromnomiques pour ce projet: 2.3 milliards d’euros.

De plus, marcher déguisé·e en pingouin de plastique dans des salles blanches asceptisées n’est ni enviable ni viable. Ces investissements de 2.3 millions d’euros par emploi pourraient générer des activités bien plus utiles (pièces de vélo, savons, chaussettes et outils de maraîchage…) »

À 11h30

Devant la Régie des eaux de Grenoble
5 Place Vaucanson
Grenoble

 

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