STopMicro soutient la dynamique impulsée par l’Organisation des Étudiant·es Ingénieur·es de l’INP (Oeil) qui réclame la fin des partenariats entre leur école et l’industrie de l’armement.
Pour cela, l’Oeil a lancé le 15 septembre une pétition, signée au moment où nous écrivons par plus de 200 élèves.
Nous en relayons ici le texte.
Complices de génocide, Hors de nos écoles
Grenoble INP et l’industrie de l’armement
Depuis bientôt un an, les habitant.e.s de Gaza vivent de nouveau sous le feu permanent de l’armée israélienne. D’après une publication parue dans The Lancet [1], près de 186 000 Palestinien.ne.s ont été tué.e.s par Israël, sans parler des blessé.e.s, des traumatisé.e.s par la perte de leurs proches, des déplacé.e.s de force, victimes du gouvernement Israëlien. Rien ne justifie ce massacre : ce n’est pas une guerre Israël-Hamas, c’est un génocide. Un mandat d’arrêt a été réclamé par le procureur de la CPI (Cour Pénale Internationale) contre Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien, et Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Nous, étudiant.e.s, Alumnis et membres du personnel de Grenoble INP – UGA, souhaitons être à la hauteur de la gravité de la situation. Les partenaires industriels de Grenoble INP façonnent nos formations, orientent notre recherche et nous sont présentés dès la première année de notre cursus ingénieur comme nos futurs employeurs. Les activités de certaines de ces entreprises dans le domaine de l’armement sont souvent passées sous le radar lors des présentations et des forums au profit d’autres secteurs comme l’aérospatial ou le médical. Aucune ONG, association ou collectif ne nous présente les violations des droits humains ou du droit international auxquelles participent les entreprises. Nous ne pouvons plus tolérer ce manque de transparence. Conserver des liens si étroits avec ces entreprises, sous prétexte que les projets que nous avons en commun n’ont à priori pas de lien avec l’armement, n’est pas une solution satisfaisante. A chaque nouvelle atrocité, il semblerait que nous redécouvrions l’implication de ces entreprises dans des conflits meurtriers. Or, nous estimons que collaborer avec ces entreprises revient à soutenir leurs actions à l’international.
Voici quelques-unes des nombreuses entreprises impliquées dans le génocide du peuple palestinien avec lesquels l’INP ou des composantes de l’INP nouent un partenariat :
- ST Microelectronics[2][3]
- Thales[4]
- Le CEA[5]
- MBDA[5]
- Airbus[5]
Nous pouvons également citer Lynred, (partenaire privilégiée de Phelma à l’occasion de la création récente de la chaire industrielle “Deep Red”) qui a fourni des capteurs pour l’armée russe de Vladimir Poutine [6] ou encore de Thalès par sa coopération avec l’Arabie Saoudite. Les liens entre nos écoles et ces entreprises sont multiples malgré un manque de transparence apparent.
Le cas du génocide du peuple palestinien n’est pas la première occasion de soulever la question des partenariats. En 2022, lors de l’agression russe contre le peuple ukrainien, la question des partenariats avec le complexe militaro-industriel a déjà été portée aux oreilles de notre administration. A l’époque, les prises de contacts à ce sujet sont restées sans réponse, malgré une majorité relative d’étudiant.e.s en faveur de l’arrêt de ces partenariats.[7]
De plus, Grenoble INP, ainsi que toutes ses écoles, a signé l’Accord de Grenoble [8] en 2021 et s’est engagé à “privilégier des structures variées et respectueuses des enjeux socio-écologiques dans ses partenariats”. Plus de trois ans plus tard, nous constatons que ce n’est toujours pas le cas.
Nous exigeons que Grenoble INP – UGA prennent au sérieux la question des partenariats et cessent immédiatement tout partenariat avec les entreprises impliquées dans des actes de génocides, notamment celui du peuple palestinien. En France [9] et partout en Europe, des universités ont déjà pris de telles mesures, qui les honorent : en Norvège (3 universités) [10], au Danemark (1) [11], en Italie (3)[12], en Espagne (78)[13], en Irlande (1)[14], en Belgique (4)[15], en Finlande (1)[16], aux Pays-Bas (1)[17]
Nous exigeons une complète transparence de l’établissement sur ces sujets, ainsi qu’un communiqué officiel établissant de manière claire la position de l’établissement vis-à-vis de ces partenaires.
Nous exigeons une communication claire de la part des entreprises sur leur implication dans les secteurs de l’armement, par exemple que les entreprises qui se présentent sur nos forums exposent la part de leur chiffre d’affaires reposant sur l’armement. Grenoble INP pourrait bénéficier de partenariats avec des nombreuses entreprises, collectivités, associations, diverses par leur taille (TPE, PME…), leurs statuts juridiques (entreprises, SCOP, COOP, associations, ONG…) et leur mode de fonctionnement, qui ne tirent pas profit des conflits armés mais répondent par exemple à l’urgence socio-écologique actuelle.
Dans un monde où les tensions et conflits se multiplient, s’armer tout en armant des Etats impérialistes nous mène à une multiplication des atrocités.
Tout silence face à un génocide est complice. Nous sommes dans l’attente d’une réponse de votre part.
[1] Rasha Khatib, Martin McKee, Salim Yusuf. Juillet 2024. Counting the dead in Gaza: difficult but essential. The Lancet. https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01169-3/fulltext
[2] 17 juin 2024. ST alimente en puces les guerres en cours. StopMicro. https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/06/17/st-alimente-en-puces-les-guerres-en-cours/
[3] 16 juin 2024. Guerre en Ukraine : des centaines de composants électroniques occidentaux retrouvés dans les armes russes. Le Monde. https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/06/16/guerre-en-ukraine-des-centaines-de-composants-electroniques-occidentaux-retrouves-dans-les-armes-russes_6177928_3234.html
[4] Ariane Lavrilleux, Mathias Destal. 25 juillet 2024. En pleine guerre à Gaza, la France équipe des drones armés israéliens, DISCLOSE.NGO. https://disclose.ngo/fr/article/en-pleine-guerre-a-gaza-la-france-equipe-des-drones-armes-israeliens
[5] Mars 2024. Guide des entreprises françaises d’armement complices d’Israël, Stop Arming Israël. https://padlet.com/stoparmingisraelfrance/stop-arming-israel-france-smlj5i3burhikad3/wish/2921793288
[6] Elie Guckert, Ariane Lavrilleux, Geoffrey Livolsi & Mathias Destal. Ukraine : la France a livré des armes à la Russie jusqu’en 2020. DISCLOSE.NGO. https://disclose.ngo/fr/article/ukraine-france-a-livre-armes-russie
[7] Selon vous, comment devrait se positionner l’INP vis-à-vis des partenariats avec le secteur de l’armement ? 2022 StrawPoll. https://strawpoll.com/polls/ajnENvN8MgW/results
[8] 2021. Accord de Grenoble. CTES. https://la-ctes.org/wp-content/uploads/2022/01/CTES_Accord_de_Grenoble.pdf
[9] Université de Rennes, l’ENS Lyon, Université de Bourgogne, Université de Lille, Université Lyon 2, Université de Nanterre
[10] Université d’Oslo Met, Université de Bergen et l’Université du Sud-Est
[11] Université de Copenhague
[12] Université de Turin, Université de Milan, l’école normale supérieure de Pise
[13] Université de Grenade, Université Autonome de Barcelone et les 76 universités gérées par la Conférence des recteurs d’université en Espagne (CRUE)
[14] Trinity College de Dublin
[15] Université d’Anvers, Université de Gand, Vrije Universiteit Brussel (VUB), Université Catholique de Louvain
[16] Université d’Helsinki
[17] Dutch Royal Academy of Art (KABK)