Lundi 29 septembre, nous nous sommes réuni-es devant la Communauté de communes Le Grésivaudan (CCLG).
Crédit dessin Pierre Hébert – mesdessins.fr
Nous avons distribué aux élu-es le tract « Les magouilles de la Communauté de communes pour livrer les terres du Grésivaudan aux industries de l’électronique » qui dénonce la soumission de la CCLG aux intérêts des industriels de semi-conducteurs et la collusion public-privé. Étaient aussi présents le collectif Grignon, Bern’Informé, le collectif Grésivaudan Non au Lyon-Turin, GRENE et EELV Grésivaudan, soit au total une trentaine de personnes dans une ambiance bon enfant.
Artificialisation sans bornes
Nous étions déjà venu au même endroit deux ans auparavant pour proposer aux élus une dégustation d’eau, et nous avions commenté le conseil communautaire d’avril dernier, où il était question de nous. Cette fois, lors de ce rassemblement, nous avons montré comment depuis plusieurs années la CCLG œuvre à l’artificialisation du Grésivaudan en rendant possibles et en favorisant les projets des industriels de la microélectronique. Qu’il s’agisse de porter le projet d’extension de Soitec à sa place ou de fermer les yeux sur ses infractions. En effet, Soitec utilise illégalement une zone agricole, également zone humide, à des fins de parking, et ce avec la complaisance de la commune de Bernin et de la CCLG. Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres de la mansuétude dont font preuve les autorité avec ces entreprises.
Nous avons remis à Henri Baile (président de la CCLG) et à Jean-François Clappaz (adjoint à l’économie, au développement industriel et à la stratégie foncière) des tee-shirts avec leurs photos sur lesquels étaient inscrits « Non ! Je ne suis pas un affreux bétonneur. » (en référence à une déclaration des élus reprise dans le Dauphiné Libéré). Pour mieux rendre hommage à ces deux élus, plusieurs personnes dans l’assemblée portaient des masques à leur effigie. Nous avons également remis la Truelle d’Or à Jean-François Clappaz pour l’ensemble de son œuvre de bétonisation du Grésivaudan (lire le portrait que Le Postillon lui consacrait).
Quand les conseillers communautaires tentent de nous intimider
Dans un précédent article nous avions évoqué la quasi-impossibilité à porter une parole publique critique sur la microélectronique dans le Grésivaudan du fait de l’auto-censure. Quand celle-ci ne suffit plus à faire taire les opposants, certains conseillers communautaires passent à l’action pour tenter de les museler. Les prises de parole des collectifs ont en effet été marquées par l’intervention musclée de Serge Pommelet.
À peine arrivé devant notre rassemblement, ce conseiller communautaire s’est dirigé vers les personnes au micro et leur a violemment ôté leurs masques. L’ambiance s’est immédiatement tendue, les gendarmes accourant vivement pour calmer ses ardeurs, tandis que l’entourage de M. Pommelet essayait de le raisonner : « Tu déconnes, Serge, tu déconnes !».
L’intervention de la maréchaussée ayant canalisé M. Pommelet, celui-ci commença par filmer les visages des opposants avec son téléphone (on se questionne sur l’utilisation que le conseiller communautaire compte faire de ces images), puis fut contraint de s’éloigner du rassemblement et de ronger son frein cigare au bec (« Un cigare cubain, pays communiste !», précisa-t-il). Nous nous sommes alors interrogée-es sur les raisons de l’ire de l’édile. On peut imaginer que Serge Pommelet s’est senti personnellement interpellé sur la question des collusions public-privé. Il est en effet le PDG du groupe HURO dont fait partie l’entreprise Ectra, partenaire privilégié de STMicroelectronics (on rappelle que les deux entreprises sont suffisamment liées pour que la deuxième enquête publique sur l’agrandissement de ST, en 2024, estimait que l’extension de Ectra faisait partie intégrante du projet). M. Pommelet peut donc être considéré comme un bénéficiaire direct de l’agrandissement de ST. Ceci explique-t-il pourquoi M. Pommelet s’en est pris physiquement à nous aujourd’hui, alors que nous dénonçons les collusions public-privé ?
Autre hypothèse : l’élu aurait-il été offensé de n’avoir pas été mis à l’honneur lors de ce rassemblement (ni masque, ni tee-shirt à son effigie) ? Dans une saine volonté d’apaisement des conflits, notre collectif veillera à réparer cette offense lors de son prochain rassemblement.
STopMicro, 30 septembre 2025.
Articles de presse suite à ce rassemblement : Le Dauphiné / Place Gre’net / RCF (à suivre dans notre revue de presse)