Lundi 8 avril 2024, les accès routiers à la Presqu’île scientifique de Grenoble ont été bloqués par une centaine de militant-es contre les agrandissements des usines STMicro et Soitec. Les blocage étaient situées place Nelson Mandela et au Pont d’Oxford.
Suite au week-end de mobilisation des précédents jours, avec comme point d’orgue la manifestation ayant réuni 2 000 personnes sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces » samedi, cette mobilisation pacifique a pour but de porter la contestation au coeur de l’épicentre des innovations et productions néfastes qui pullulent à Grenoble.
Après une heure de blocage et la distribution d’un millier de tracts, les manifestant-es ont quitté les lieux.
No puçaran !
Les collectifs : StopMicro, Action autonome Isère, comité grenoblois des soulèvements de la Terre
Le temps perdu pour la recherche, c’est du temps gagné pour le vivant
Le collectif Stop Micro dénonce les nuisances causées par les agrandissements de ST Micro et de Soitec : l’accaparement des ressources de la vallée, notamment la consommation d’eau et la pollution massive de l’Isère. Aujourd’hui, le collectif bloque la Presqu’île Scientifique : c’est là l’épicentre des innovations et productions néfastes qui pullulent à Grenoble.
La Presqu’île se structure à partir du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) « un des principaux centres de recherche appliquée en microélectronique et nanotechnologies dans le monde ». Depuis sa création en 1956, il est la matrice de toutes les entreprises privées qui appliquent et commercialisent les résultats de ses recherches. Il a ainsi mis au monde en 1972 ce qui deviendra STMicro et Soitec en 1992, ainsi que de nombreuses autres entreprises telle Lynred, ouvrant pour le militaires. En outre, le CEA a toujours exercé un pouvoir politique conséquent. Le polygone scientifique est le lieu de création d’une élite technocratique, où travaillent aujourd’hui plus de 10 000 ingénieurs, et où la recherche publique est au service des usages industriels et militaires. Travailler pour le CEA n’est donc jamais anodin : c’est donner les atours de la recherche publique aux industriels, notamment de l’armement, qui en naissent et qui profitent de chaque innovation.
C’est sur la Presqu’île que se trouve un des plus grands centres de recherche et développement de la multinationale STMicroelectronics, où travaillent plus d’un millier de cadres et d’ingénieurs. Non content de produire une quantité astronomique de puces, le géant innove perpétuellement, créant ainsi artificiellement de nouveaux besoins.
Au regard du rapport d’activité de STMicro, on constate que l’immense majorité des puces produites sont utilisées pour les voitures connectées, la reconnaissance faciale ou encore pour l’internet des objets (notamment la 5G, ST travaillant sur le développement de la 6G à l’heure actuelle). Dernière innovation en date : une bouteille d’eau connectée qui s’allume pour nous rappeler de boire régulièrement. Gonflé, pour une entreprise qui pompe toute l’eau du Grésivaudan… Quasiment aucune puce a destination du secteur médical : où sont passés tous les IRM vantés par la communication de l’entreprise et des pouvoirs publics locaux ? Au-delà des gadgets, les puces servent le marché du smart farming. L’objectif : ne plus avoir besoin d’humains pour cultiver les terres, qui le seront grâce aux machines connectées. Ce qui signe la mort de l’agriculture paysanne et de tout rapports à la terre.
Le plus dérangeant reste cependant bien caché. Alors même que STMicro est à la tête du consortium Exceed, qui a pour but de développer des puces à usage exclusivement militaire (source), l’entreprise se garde bien de mentionner l’utilisation de ses puces dans les armes : drones, lunettes de visée, missiles connectés… La France étant le deuxième exportateur d’armes au monde, on retrouve des puces fabriquées dans le Grésivaudan sur la plupart des conflits mondiaux… notamment dans les armes russes utilisées en Ukraine. (lire notre enquête life.augmented/death.augmented)
Si la production de puces se fait à Crolles et à Bernin, c’est bien sur la Presqu’île qu’elles sont inventées et développées.
Le collectif continuera de se mobiliser pour de l’eau, pas des puces !
Argumentaire du collectif
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