Aujourd’hui, lundi 28 août, débute l’enquête publique relative à l’agrandissement de l’usine STMicroelectronics de Crolles (Isère). Cette enquête, qui durera jusqu’au 9 octobre, sera rythmée par deux réunions publiques et par sept permanences avec le commissaire enquêteur. Le dossier sera quant à lui consultable durant toute la durée de l’enquête en mairies de Crolles et Bernin.
Pourquoi une enquête publique ? L’usine de ST veut doubler sa production de semi-conducteurs d’ici 2026, et tripler dans le même temps sa consommation d’eau (pour atteindre 387 litres d’eau par seconde, dont 249 issus du réseau public d’eau potable). Cette enquête publique a pour but de rendre « acceptable » un chantier, déjà décidé (au niveau européen, dans le cadre de l’European Chips Act), déjà annoncé (par Emmanuel Macron en juillet 2022), déjà financé (2,9 milliards d’argent public pour un budget global de 5,7 milliards). Comme le rappelle le Dauphiné Libéré (23/08/2023), « la [première] unité de production doit d’ailleurs être livrée début 2024 », dans six mois, donc. Le ministère de l’économie a même annoncé, dans un communiqué de presse du 5 juin 2023 que la production de cette « méga-usine » aurait déjà commencé ! Ce qui est faux, mais montre bien l’état d’esprit des autorités quant à ce projet.
Les décisions sont déjà prises : cette enquête publique est une mascarade. Derrière cet agrandissement, il y a des enjeux d’augmentation des capacités de l’Union Européenne à dominer sur les plans militaires, économiques et géostratégiques, des enjeux de puissance en somme. Or, comme le rappelle le chercheur Frédéric Graber dans son livre Inutilité publique, les enquêtes publiques ne sont jamais que des dispositifs d’accompagnement et de légitimation des projets industriels servant à discréditer les critiques. On sait que de toutes façons, les enquêtes publiques n’ont qu’un avis consultatif, la préfecture pouvant passer outre.
Alors, parce que nous savons qu’avec un tel projet industriel, les dés sont pipés dès le départ et qu’une enquête publique, quand bien même son avis serait défavorable, ne suffira pas à entraver l’extension, nous n’attendons rien de ce simulacre démocratique.
Depuis novembre 2022, notre collectif conteste le projet. Nous avons notamment réuni 1000 personnes pour notre manifestation du 1er avril dernier sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces ! ». Nous dénonçons l’inadéquation entre un tel chantier et des enjeux autrement plus importants : d’une part la finitude des ressources (eau, énergie, terres rares) et d’autre part l’utilité sociale réelle de ces semi-conducteurs. Nous posons la question du « toujours plus » : quels intérêts servent ces puces utilisées dans la 5G, le matériel militaire, l’intelligence artificielle, la voiture autonome ? Une société plus écologique, plus égalitaire et moins obsédée par la croissance du PIB n’aurait pas besoin de ces gadgets.
Contre l’agrandissement de STMicroelectronics : seule la lutte paye ! Notre collectif va continuer son travail d’information et de mobilisation. Informer sur l’eau potable que consomment ces usines, sur les dérogations dont elles bénéficient, sur leurs impacts environnementaux et les nuisances qu’elles génèrent, sur les usages de cette production, sur les liens avec l’industrie de guerre, sur les collusions et les conflits d’intérêt entre élu-es locaux-les et industriels, sur l’évasion fiscale de ces grandes firmes et la pluie de subventions publiques dont elles bénéficient malgré tout.
Nous allons continuer à mettre la pression aux autorités et aux industriels. Pour commencer, on pourra nous trouver devant les deux réunions publiques de l’enquête publique (le 1er et le 28 septembre de 18h30 à 20h30, salle municipale « L’Atelier », 47 rue du Moulin à Crolles) et à la baignade party que nous organisons entre Soitec et ST à Crolles le 9 septembre dans le cadre de la campagne « 100 jours pour les sécher » des Soulèvements de la Terre. Mais nous avons bien d’autres projets.
No puçaran !
Collectif STopMicro
28 août 2023