STopMicro
De l'eau, pas des puces !
Ton épicerie augmentée : allez-y sans nous dans votre dystopie de merde !
Categories: General

Ton épicerie augmentée : allez-y sans nous dans votre dystopie de merde !

 

Nouveauté chez ST, une épicerie sauce life.augmented ! Caméras, collecte de données, disparition de l’humain au profit de la machine : entrez dans le futur avec votre industriel préféré !

Première en Europe : une épicerie intelligente et autonome testée à Crolles - ESSOR Isère

Depuis le 10 novembre 2025, un conteneur tout automatisé est installé sur le site de STMicro à Crolles. En collaboration avec Elior (restauration collective), l’entreprise propose une épicerie en complément de son offre de restauration. Celle-ci est autonome, fonctionne 24h/24, 7j/7 et fonctionne sans humains. Elle est bourrée de capteurs dont certains sont équipés en puces ST. Véritable fierté de l’entreprise, première Européenne – les superlatifs manquent pour les fanatiques de la life.augmented – , cette épicerie est un essai en vue d’un possible déploiement sur d’autres sites.

Dans cette « épicerie du futur », déclarée « intelligente » par la presse, le client se badge à l’entrée, puis prend ce qui lui plaît dans les frigos et sort sans même avoir à dire « au revoir ». Tout au long de ses emplettes, des caméras l’ont filmé et le système, boosté à l’intelligence artificielle, a généré un ticket de caisse virtuel. Le client verra sur sa feuille de paie le débit de ses achats, ou sur son application Elior s’il n’est pas un employé de ST.

Passé l’effet d’annonce – de sidération pour nous – une petite critique s’impose. En effet, ce nouveau gadget peut être vu comme une synthèse de la vision que porte un groupe comme STMicroelectronics, une image du monde auquel il nous prépare. Derrière une apparente liberté, celle de pouvoir aller faire ses courses à n’importe quelle heure et en toute autonomie, se cachent pêle-mêle :

  • la destruction de l’emploi : la concurrence est rude lorsqu’un commerce est mis en compétition avec une structure qui se passe de l’humain et donc qui n’est pas contrainte par le droit du travail, qui peut rester ouverte à la moindre heure de la nuit, qui n’a pas à verser de salaires, qui n’est jamais menacée par le risque que ses salarié.es fassent grève, etc.
  • la perte du lien social : ni un.e caissier.e, ni un.e vigile pour parasiter vos emplettes en vous adressant la parole ! Quel bonheur de pouvoir faire ses courses enfin seul.e, de n’avoir à saluer personne…
  • la disparition de la monnaie : déjà que certain-es commençaient à s’habituer au paiement avec leur smartphone, maintenant il n’y aurait même plus à sortir quoi que ce soit de sa poche : ce sera toujours plus de profits pour les banques, toujours plus d’informations que l’on collectera sur vous et votre mode de vie, toujours plus excluant pour les exclus qui ne possèdent pas de compte bancaire (sans-papiers, SDF, etc.)
  • un risque évident de flicage permis par la collecte des données : imaginez un peu, la RH à un salarié : « tu m’étonnes que tu sois fatigué, avec ce que tu manges… ». Ou pire, le prix de votre mutuelle qui augmenterait car celle-ci aurait la preuve que vous ne suivez pas le régime alimentaire adapté à votre taux de cholestérol…
  • l’incitation permanente à la consommation : plus de contraintes aucunes, vous pouvez consommer à toute heure de la nuit, même les jours fériés. Et puisque c’est là, disponible, facile, qu’il y a un choix tellement vaste, les personnes qui continueront à amener leur gamelle pour la nuit seront vite regardées bizarrement : à quoi bon cuisiner son tupperware quand on peut acheter un plat surgelé ? Ainsi, lentement et insidieusement, tout le monde s’habituera à aller faire ses petites courses dans cette grande poubelle de l’agro-industrie.

Semaine de l'industrie. En images : comment sont fabriquées les puces de STMicroelectronics à Crolles

« Life.augmented », ces mots qui accompagnent le logo de ST, sont écrit en gros dès l’entrée de l’entreprise. Traduction : la vie augmentée – grâce aux capteurs, caméras, bases de données, algorithmes, intelligence artificielle, etc. En fait, ce slogan constitue le projet politique que porte ST : ses technologies doivent venir transformer, modeler la société, au point de devenir incontournables et de générer toujours plus de profits. Car la « vie augmentée », c’est d’abord la marchandisation de toujours plus de pans de nos existences, la collecte et l’utilisation de données sur les moindres de nos faits et gestes afin de capitaliser sur ceux-ci, l’ouverture de quantité de nouveaux marchés et secteurs d’activité devenus 4.0 : agriculture connectée, maison intelligente, ville algorithmique, voiture autonome, etc.

Est-ce vraiment ce que l’on souhaite ? Être filmé.e pendant qu’on fait nos courses, avoir un historique d’achat chez notre patron.ne (ou n’importe qui), ne plus avoir de lien social avec un.e marchand.e, n’être qu’un flux de données sur pattes qui alimente la bête… Ces choix ne nous sont jamais proposés, ils nous sont imposés. Toute la société se transforme sur cette vision proprement dystopique et nous n’aurions pas notre mot à dire ?

Au contraire, nous pensons qu’il est encore possible, et plus que jamais nécessaire, de s’opposer – localement d’abord – à ces monstres et au déferlement technologique. Le progrès, ce n’est pas cela. Les extensions sans fin de ces entreprises et des labos qui les servent (CEA, CNRS) ne sont pas une fatalité.

A Grenoble – la silicon valley à la française – il existe des oppositions à la numérisation du monde : STopMicro est dans ce sillon depuis trois ans et lutte frontalement contre les extensions des usines ST et SOITEC.

Un monde nouveau est à définir, par nous tous.tes et pour tout ce qui compose le vivant sur terre. Et donc, de fait, loin du projet politique de ST !

Rejoignez la lutte ! Bifurquez ! Résistez ! Agissez ! Stop à l’immobilisme ! Ne nous laissons pas déposséder de nos moyens !

NO PUÇARAN !

Comments are closed.