STopMicro38
De l'eau, pas des puces !
Contre l’agrandissement de Soitec
Categories: General

L’entreprise de puces électroniques Soitec veut agrandir son site de Bernin (Isère). Ce projet qui menace d’expropriation plusieurs agriculteurs et agricultrices de la commune est mené en partenariat avec la Communauté de communes Le Grésivaudan et Isère Aménagement. En mars 2024, l’entreprise a annoncé la suspension du projet, mais les études pour les travaux avancent. Nous nous opposons à cet agrandissement et vous proposons de nous rejoindre pour le mettre en échec.

Ce texte en pdf.

Leur projet : bétonner 11 hectares de terres agricoles

Le 16 décembre 2022, la Communauté de communes Le Grésivaudan a approuvé un projet d’extension de la zone d’activités économiques (ZAE) des Fontaines à Bernin. Ce projet de 11,2 hectares est destiné principalement (8 hectares) à l’agrandissement de Soitec. Son coût est de 8 millions d’euros. Pour les unités de production de Soitec, aux dernières nouvelles l’investissement total envisagé est de plus de 600 millions avec la construction de deux usines (Bernin 5 et 6) en deux phases successives d’ici cinq à dix ans. Les terrains impactés sont des terres agricoles utilisées majoritairement à l’heure actuelle pour produire du blé, et appartenant à différents propriétaires privés.

Le projet est porté par Isère Aménagement (une société privée dont sont actionnaires 48 collectivités publiques dont la Communauté de communes Le Grésivaudan) et par Soitec.

Le 19 mars 2024, Soitec a annoncé suspendre ses projets d’extension, pour un an. Nous proposons d’employer ce délai pour transformer cette suspension en annulation. Car, en attendant, Isère aménagement continue son projet d’agrandissement de la ZAE, et donc de bétonnisation !

Soitec : des puces pour les gadgets électroniques… et pour la guerre

Que fabrique-t-on à Soitec ? Des semi-conducteurs spéciaux, basés sur la technologie SOI, à destination principalement des smartphones et des voitures électriques. L’activité de l’entreprise repose sur la communication mobile (64 % du chiffre d’affaires), l’automobile & l’industrie (19 %) et les objets intelligents (17 %). Ainsi, les deux usines en projet ont vocation à produire des plaquettes de FD-SOI pour l’une et des plaquettes de piezoélectrique sur isolant pour smartphones pour l’autre. Mais avons-nous besoin de produire toujours plus de voitures, de smartphones et de gadgets connectés ? Pour notre part, nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un besoin, mais d’une fuite en avant portée par les géants de l’économie. Le « marché des semi-conducteurs » ne répond pas aux besoins de la population, mais à celui de la croissance économique : il double de taille tous les six ans. Sommes-nous deux fois plus heureux qu’il y a six ans ?

Comme l’indique la page Wikipedia de l’entreprise, Soitec fabrique également des composants pour la bombe atomique. Rien d’étonnant : la technologie SOI a en effet été développée à partir de 1974 par le CEA-Leti et la Direction des applications militaires du CEA pour répondre aux besoins de défense, en particulier de dissuasion nucléaire. Par la suite, en 1992, le CEA a créé Soitec pour développer les usages industriels de cette technologie. Aujourd’hui, l’entreprise continue de travailler pour les militaires : ainsi, par exemple, en 2016 un rapport parlementaire affirmait que la capacité de dissuasion nucléaire française serait affectée « si STMicroelectronics ou Soitec arrêtaient leur activité défense ». Est-ce pour cette raison qu’en 2015 l’État était intervenu pour sauver l’entreprise au bord de la faillite après ses investissements ratés dans le solaire depuis 2008 ?

Une entreprise qui se croit au-dessus des lois

Aujourd’hui tout va bien pour Soitec. Les soucis de 2015 sont loin : elle a réalisé un chiffre d’affaire de 1,1 milliard d’euros en 2022-2023 et ambitionne d’atteindre les 2,1 milliards d’ici 2026-2027. Rappelons que c’est bien l’objectif de l’entreprise : son but n’est pas de créer de l’emploi ou de répondre à un besoin social, mais avant tout… de gagner de l’argent ! Et pour cela, tous les moyens sont bons : consommer « près de 1,2 millions de mètres cubes d’eau [potable] par an »), exploiter ses salarié-es sans leur laisser de pause pour aller aux toilettes ou bétonner de nombreux hectares de terres pourtant fertiles et riches en biodiversité.

En effet, installée à Bernin depuis 1998, l’entreprise n’a eu de cesse de s’étendre (usnes Bernin 2, 3, 4…). Le nouveau projet d’agrandissement contrevient d’ailleurs aux dispositions ZAN (zéro artificialisation nette) de la loi « Climat et résilience » de 2021, qui consiste à limiter l’artificialisation des sols. Aucun problème pour l’entreprise : en 2024, le gouvernement Macron a travaillé sur un arrêté exonérant 464 projets (usines, mines, prisons, TGV…) de respecter la loi ZAN. Ils pourront bétonner sans souci. Et… le projet d’agrandissement de Soitec fait partie de ces projets. Nous ne sommes pas tous égaux devant la loi : quand elle dérange les puissants ils la modifient. Pratique !

Nous nous battons contre les industriels, pas contre les salariés

Nous qui nous opposons à ce projet, nous savons bien que l’entreprise compte 2000 salariés dans le monde dont 1600 à Bernin. Sans doute avez-vous de la famille ou des ami-es qui y travaillent, ou bien êtes-vous vous-même salarié-e de Soitec. Mais doit-on accepter n’importe quoi au nom de l’emploi ? Il faut bien gagner sa vie, mais cette société dirigée par la course au profit ne favorise pas les emplois utiles, simplement les jobs rentables. Nous passons tous et toutes une large partie de notre temps à travailler, mais bien souvent nous faisons des choses absurdes et inutiles. Les patrons nous font fabriquer des objets inutiles et nous les vendent ensuite : nous sommes exploités deux fois, comme producteurs et comme consommateurs. Championnes à ce jeu, les entreprises de la Tech reçoivent en plus des milliards d’euros d’argent public. Non parce qu’elles seraient utiles à l’humanité ; mais plutôt en raison de leur importance militaire ou parce qu’elles correspondent au mythe du Progrès sans limite. De notre côté, nous pensons que cet argent serait mieux investi dans des hôpitaux, des installations agricoles, des services publics humains et de proximité, que dans des usines où toute l’intelligence humaine est mise au service de la gadgeterie électronique. Contre l’intelligence « artificielle », nous en appelons à remettre les pieds sur terre et à arrêter les productions écocides. En bref : même si vous vous travaillez à Soitec, vous avez le droit de vous opposer à l’agrandissement de l’usine. Les intérêts des patrons ne sont pas souvent ceux des salariés !

Contre la loi du profit et le tout-technologique : empêcher l’agrandissement

Si Soitec est une entreprise puissante, disposant d’appuis hauts placés, son projet d’agrandissement n’est pas encore totalement ficelé, et il est possible de s’y opposer. Ainsi, à l’heure actuelle, le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune n’est pas en compatibilité avec le SCOT : la commune doit donc organiser une enquête publique. En outre, Isère Aménagement a commencé les études préliminaires au travaux, mais la structure n’est pas encore propriétaire des terres : elle doit donc en faire l’acquisition, viabiliser les lots… Suivra une demande de permis de construire pour les bâtiments. Suite à quoi, les services de l’Etat devront mener une enquête publique pour la mise en service des nouveaux bâtiments. Et alors, alors seulement, l’usine pourra entrer en service.

Que vous soyez riverain-e ou bien salarié-e, propriétaire de terres impactées, ou bien si tout simplement les arguments que nous défendons ici vous touchent : rejoignez-nous ! Si vous travaillez à la mairie, à la CCLG, à Isère Aménagement : nous avons aussi besoin de vous, car nous avons besoin de tout le monde pour mettre en échec l’agrandissement de Soitec. Nous avons besoin d’informations, d’énergie, d’idées et de bonnes volonté. Pour faire circuler l’information ; pour mettre du sable dans l’engrenage bien huilé de la destruction ; pour lancer des recours juridiques ; pour empêcher les bulldozers d’entrer en action. Quelque soit votre mode d’action, que vous souhaitiez vous mette en avant ou rester anonyme : contactez-nous, demandez-nous des tracts, faites en des copies. Venez nous rejoindre : ne restez pas seul-e !

Collectif STopMicro, août 2024
https://stopmicro38.noblogs.orgstopmicro@riseup.net


Qui sommes nous ?

Le collectif STopMicro s’est constitué à la fin de l’année 2022. Nous luttons contre l’accaparement des ressources par les industriels de l’électronique, et contre la « vie augmentée » qu’on veut nous imposer. Pour empêcher les agrandissements annoncés de STMicroelectronics et de Soitec, nous avons organisé deux manifestations, à Crolles et Brignoud en avril 2023, et à Grenoble l’année suivante.
Sur notre site https://stopmicro38.noblogs.org vous pouvez trouver toutes les références des informations de ce tract et notre enquête approfondie sur l’utilisation des puces de Soitec : la brochure « Soitec : un siècle de progrès sans merci ».

Comments are closed.